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Achetezle design « C'EST CE QUE C'EST L'indiffĂ©rence drĂŽle et l'humour sans Ă©motion » par ZERO COOL sur le produit suivant : Coussin Vendez vos Ćuvres Connectez-vous Inscrivez-vous Artistes populaires
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1Avec la rĂ©duction du pouvoir temporel de lâĂglise en France, la chanson anticlĂ©ricale semble nâavoir plus de raison dâĂȘtre et menace de se folkloriser. Pourtant, loin de mourir, elle se diversifie et gagne en nuances. Perdurant aprĂšs 1968, elle met toujours en cause les institutions religieuses, mais aussi les textes sacrĂ©s eux-mĂȘmes et leurs principaux personnages. Bien que la relative confidentialitĂ© du rĂ©pertoire rende pĂ©rilleuse toute prĂ©tention statistique, il semble que JĂ©sus se voit consacrer un grand nombre de chansons profanes, suivi de loin par Marie, Ăve, Joseph, Marie-Madeleine, MoĂŻse ou NoĂ©. La religion reste toutefois un thĂšme rare. LâanticlĂ©ricalisme est souvent le fait dâartistes qui â exigeants ou militants â restent confidentiels. Lorsque des interprĂštes cĂ©lĂšbres sây essaient, ils ne mettent pas en Ă©vidence ce type de chanson dans leur rĂ©pertoire. 2Plusieurs gĂ©nĂ©rations dâartistes cohabitent sur un marchĂ© en Ă©volution constante, tandis que les enjeux sociaux se modifient, ce qui rend nĂ©cessaire un sommaire rappel historique. Si des Ćuvres issues de la tradition persistent aujourdâhui dans les marges, la religion catholique est perçue comme moins attentatoire aux libertĂ©s publiques quâun islam que les artistes hĂ©sitent Ă attaquer et qui nâa pas, jusquâaux annĂ©es 90, un impact visible sur les ventes de disque. 3Nous verrons toutefois que lâanticlĂ©ricalisme sâest ramifiĂ©. Georges Brassens a renouvelĂ© le genre. MĂȘlant comme lui irrĂ©ligion, tolĂ©rance et parfois consensus, ses Ă©mules ont offert une place nouvelle au texte biblique Ă lâintĂ©rieur de leurs Ćuvres. Autrefois anecdotiques ou limitĂ©es Ă de rapides mentions, les rĂ©fĂ©rences textuelles se multiplient dans le genre peu lĂ©gitime de la chanson Ă mesure que le texte se dĂ©sacralise aux yeux de la sociĂ©tĂ© française. La connaissance de la culture religieuse nâĂ©tant plus aujourdâhui une Ă©vidence, elle devient une connaissance supposĂ©e commune entre le chanteur et son public, donc une source de connivence. Câest pourquoi, au-delĂ de la diversitĂ© des Ćuvres, nous tenterons de vĂ©rifier, en analysant trois types de rapports entre texte chantĂ© et texte sacrĂ©, que la chanson anticlĂ©ricale se veut dâautant moins offensive â voire dâautant plus consensuelle â que lâintertextualitĂ© est forte entre la chanson et les livres saints. Ăvolution historique de la chanson anticlĂ©ricale De la critique des clercs Ă la concurrence des idĂ©es 4Comme les fabliaux, les chansons ont jouĂ© leur rĂŽle dans la critique sociale mĂ©diĂ©vale et dans la naissance du protestantisme. Le siĂšcle des LumiĂšres, qui nâa pas Ă©tĂ© avare de caricatures, a produit davantage de chansons concernant le clergĂ© en gĂ©nĂ©ral. Lâexpression chanson anticlĂ©ricale » Ă©voque surtout les luttes qui, au XIXe siĂšcle, ont opposĂ© les rĂ©publicains de gauche et les catholiques. Cette pĂ©riode a produit de nombreuses Ćuvres violemment militantes qui nâont presque pas Ă©tĂ© enregistrĂ©es. Ă la fin de la premiĂšre guerre mondiale, bien avant que ne se dĂ©mocratisent la radio et les microsillons, le dĂ©bat politique sâĂ©tait largement dĂ©placĂ©, le patriotisme puis le pacifisme Ă©tant partagĂ©s par les croyants et les militants laĂŻcs. 5Lors de la seconde guerre mondiale, la chanson anticlĂ©ricale nâa pas dâexistence officielle, et si la propagande vichyste Ă©voque la foi, la RĂ©sistance prĂ©fĂšre une union sacrĂ©e rĂ©unissant croyants et communistes. AprĂšs la guerre, lâessor des centres de vacances et de loisirs fait lâobjet dâune concurrence entre les communistes et les catholiques. Pour la premiĂšre fois dans la chanson enregistrĂ©e, la chanson clĂ©ricale va disposer dâune diffusion commerciale non nĂ©gligeable, mĂȘme si le mĂ©lange des genres tend Ă amoindrir la portĂ©e religieuse du propos. JĂ©sus revient laĂŻcisĂ© 6Le pĂšre Duval, qui enregistre ses premiĂšres chansons dĂšs 1953, prĂ©cĂšde SĆur Sourire dont le succĂšs sâĂ©tend aux Ătats-Unis au dĂ©but des annĂ©es 60. Au mĂȘme moment, Jacques Brel, qui a commencĂ© Ă se faire connaĂźtre par des textes Ă©difiants sâen prend en 1963 aux Bigotes, qui trouvent que Monsieur le curĂ© » est trop bon avec les crĂ©atures ». Les grenouilles de bĂ©nitiers y sont davantage attaquĂ©es que lâĂglise. 1 Voir en particulier Johnny Halliday, Jesus Christ est un hippie et Michel Polnareff, On ir ... 7Cette derniĂšre nâest pas reprĂ©sentĂ©e comme une source dâoppression, lâĂtat et la police devenant les cibles privilĂ©giĂ©es des chansons contestataires. Aux cĂŽtĂ©s dâun idĂ©al politique rĂ©volutionnaire, un espoir catholique de changement de la sociĂ©tĂ© est portĂ© par une partie des jeunes, devenus pour longtemps les premiers acheteurs de disques. Cela donne naissance Ă divers phĂ©nomĂšnes musicaux1. 8Mais pour la plupart des chanteurs, la religion nâest pas un vĂ©ritable enjeu idĂ©ologique. Les rĂ©fĂ©rences bibliques ne tĂ©moignent pas dâun dĂ©sir de polĂ©mique. JĂ©sus Christ super star, comĂ©die musicale de 1971 devenue film en 1973, illustre ce phĂ©nomĂšne dans les sociĂ©tĂ©s anglo-saxonnes. En France, Jean Yanne sâillustre en 1972 avec la bande originale de Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Dans la chanson comme dans le film, le thĂšme religieux, quoi quâapparemment traitĂ© avec autant dâirrespect que la grammaire, sert davantage de prĂ©texte Ă la dĂ©nonciation de la sociĂ©tĂ© civile. 9Dans la seconde partie des annĂ©es 1970, alors que les curĂ©s dits Ă guitare » inspirĂ©s par le pĂšre Duval ont disparu, les personnages bibliques restent prĂ©sents dans la chanson. Les prĂȘtres y sont dĂ©sormais moquĂ©s avec plus dâindulgence, cantonnĂ©s aux chansons comiques Ă thĂšme grivois. La culture catholique semble donc considĂ©rĂ©e comme partagĂ©e par toute une sociĂ©tĂ©, fut-elle laĂŻcisĂ©e. 10Deux attitudes militantes anticlĂ©ricales perdurent cependant la premiĂšre continue dâopter pour lâagressivitĂ©. Câest avec elle que nous allons terminer notre aperçu historique, pour nous consacrer ensuite Ă la seconde. Elle est issue de Brassens, qui utilise et dĂ©tourne les symboles chrĂ©tiens. AprĂšs avoir observĂ© son Ćuvre, nous analyseront la façon dont ses Ă©mules renouvellent le genre en y incluant une intertextualitĂ© riche et parfois ambiguĂ«. Les derniers anticlĂ©ricaux face au catholicisme mourant 11Si lâanticlĂ©ricalisme politique du dix-neuviĂšme siĂšcle a survĂ©cu dans la chanson française jusquâĂ nos jours, LĂ©o FerrĂ© y est pour beaucoup. Du fait de la longueur exceptionnelle de sa carriĂšre, il a contribuĂ© Ă rendre ses idĂ©es actuelles pour plusieurs gĂ©nĂ©rations de crĂ©ateurs. DĂšs 1949, il Ă©tait Ă la fois lâun des premiers artistes dâaprĂšs-guerre et le dernier des chansonniers Ă proposer une dĂ©nonciation de lâĂglise. Monsieur Tout blanc est une accusation contre le silence de Pie XII pendant la guerre. CensurĂ©e, elle nâaura aucun impact Ă sa crĂ©ation, ni mĂȘme lors de son premier enregistrement. La plupart des chanteurs engagĂ©s des annĂ©es 70 disparaissent avec lâarrivĂ©e de la gauche au pouvoir en 1981 â sans avoir dâailleurs laissĂ© dâautres chansons anticlĂ©ricales notables que Le Sabre et le goupillon de Jean Ferrat. Seul LĂ©o FerrĂ©, pourtant en retrait, devient une lĂ©gende, notamment pour Bernard Lavilliers. Ces deux artistes forment un pont entre la poĂ©sie engagĂ©e du XIXe siĂšcle et les contestations les plus rĂ©centes â le punk et lâunderground des annĂ©es 80, la scĂšne rock des annĂ©es 90 notamment. LâanticlĂ©ricalisme nâest quâun thĂšme mineur de leur rĂ©pertoire mais il nâa jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement abandonnĂ©. 12Il ne reste guĂšre de traces des productions indĂ©pendantes du dĂ©but des annĂ©es 1980. La plupart des dĂ©marches artistiques novatrices et marginales de lâĂ©poque nâont pas fait lâobjet du dĂ©pĂŽt obligatoire auprĂšs de la BibliothĂšque Nationale de France. Le seul artiste engagĂ© dans le combat anticlĂ©rical Ă bĂ©nĂ©ficier dâune certaine audience reste François Hadji-Lazaro. Il a fondĂ© sa propre maison de disque et créé les groupes Pigalle et Les Garçons Bouchers. Sur lâalbum François dĂ©texte Topor, paru en 1996, lâinterprĂšte met en chanson une sĂ©rie de textes du plasticien, parmi lesquels Cantique, un texte Ă charge contre les guerres de religion. Dans le mĂȘme temps, les Garçons Bouchers enregistrent Super ce matin jâai rencontrĂ© Dieu. La critique sociale et politique, familiĂšre Ă lâauteur, y est retournĂ©e contre le CrĂ©ateur. LâannĂ©e suivante, Crime contre lâhumanitĂ© du groupe Pigalle dĂ©nonce le message ambigu du clergĂ© africain contre lâemploi du prĂ©servatif, seul moyen dâenrayer lâĂ©pidĂ©mie de SIDA. 13Parmi la gĂ©nĂ©ration scĂ©nique suivante, câest La Tordue qui exploitera le mieux le thĂšme anticlĂ©rical, y consacrant trois chansons sur ses deux premiers albums. Ces Ćuvres confirment notre hypothĂšse de dĂ©part, devenant dâautant plus radicales que les rĂ©fĂ©rences bibliques sây rarĂ©fient. INRI chante lâamertume dâun homme en deuil dĂ©nonçant lâespoir dâune rĂ©surrection Ici pas dâfaux dĂ©part ⊠Trois jours plus tard et sâen revient ». Il sâagit moins dâune parole dâathĂ©e que dâune rĂ©volte qui semble supposer la foi. Bon dieu, plus traditionnelle, reprend les thĂšmes les plus courants de lâanticlĂ©ricalisme absence de Dieu, dĂ©nonciation des guerres de religion et profession de foi Ă©picurienne de celui qui prĂ©tend trouver le paradis sur terre grĂące aux joies de lâamour physique. Une telle Ćuvre est encore relativement consensuelle. Plus radicale, Nouveau monde, chantĂ©e sur lâalbum Tâes fou, dĂ©nonce le rĂŽle de lâĂglise dans la colonisation de lâAmĂ©rique Au nom dâun roi au nom de dieu Ce que lâon peut se rendre odieux BĂ©nir tout en crevant les yeux. 14Ă lâimage du rĂ©pertoire de La Tordue, les chansons anticlĂ©ricales actuelles sont souvent plus ironiques que violentes, et les dĂ©nonciations concernent davantage lâhistoire que lâactualitĂ©. 15La dĂ©nonciation de lâintĂ©grisme doit beaucoup Ă Georges Brassens, qui a rĂ©ussi Ă concilier le respect des croyants avec la persistance dâune contestation de lâĂglise. Son Ćuvre est en effet Ă lâorigine de la chanson anticlĂ©ricale moderne. Le pacifisme, le scepticisme, la tolĂ©rance et les rĂ©fĂ©rences Ă la culture catholique, omniprĂ©sents dans son Ćuvre, en ont fait un modĂšle pour les crĂ©ateurs contemporains, initiant un rapport nouveau entre tradition chansonniĂšre et textes religieux. Un anticlĂ©ricalisme moderne et intellectuel Brassens intertextuel la tradition au service de la crĂ©ation 16Georges Brassens nâa jamais fait mystĂšre de son anarchisme mais a su rester consensuel. Il est chantĂ© dĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre aussi bien par des scouts que par des animateurs communistes de centres de loisir. Le fait quâil adopte toujours un ton souriant pour Ă©noncer des propos polĂ©miques nâest quâune des explications. La principale est sans doute que notre chanteur national compose avec des chansons de plus en plus engagĂ©es une Ćuvre toute en nuances. 17Celle-ci contient plusieurs dizaines dâoccurrences du mot Dieu et de nombreuses allusions Ă la religion. Un grand nombre dâentre elles sont anecdotiques. Lorsque le sujet religieux est rĂ©ellement abordĂ©, les propos anticlĂ©ricaux sont toujours tempĂ©rĂ©s par des signes de sympathie adressĂ©s aux croyants. DĂšs ses premiĂšres chansons, contemporaines des succĂšs du PĂšre Duval, lâindividualisme ainsi que le mĂ©pris des lois et des institutions sâaffirment. Toutefois, La Mauvaise rĂ©putation ne suggĂšre lâirrĂ©ligion que par ses allusions aux prophĂštes Pas besoin dâĂȘtre JĂ©rĂ©mie / Pour dâviner lâsort qui mâest promis » et au Vatican Je ne fais portant de tort Ă personne / En suivant les chemins qui nâmĂšnent pas Ă Rome ». Elles ne sont aisĂ©ment comprĂ©hensibles que pour des familiers de la culture judĂ©o-chrĂ©tienne. 18Le second album, avec une chanson dont le titre est voisin, Je suis un voyou, rend plus explosif le mĂ©lange des genres le discours du personnage, accompagnĂ© dâune musique tout aussi allĂšgre, mĂȘle croyance et irrespect total Jâlui ai dit de la Madone Tu es le portrait » Le bon Dieu me le pardonne CâĂ©tait un peu vrai Quâil me le pardonne ou non Dâailleurs je mâen fous. 19Le mĂ©pris de la religion existe donc dans un contexte oĂč la foi, fut-elle associĂ©e Ă un ordre social contestĂ©, semble naturelle. Le Ciel et Dieu nâapparaissent souvent quâen toile de fond. 20Pour aller plus loin dans la critique, Georges Brassens sâabrite dâabord derriĂšre dâautres poĂštes. En 1954, alors quâil assoit sa popularitĂ© naissante grĂące Ă la Chanson pour lâAuvergnat, personnage que le narrateur recommande au PĂšre Ăternel », il enregistre La PriĂšre, dont le texte est de Francis James. Le titre qui dĂ©nonce les malheurs du monde sous forme dâun rĂ©quisitoire, rendant ironique le refrain je vous salue Marie », se termine sur une action de grĂące. Le sens global de la chanson, qui sâadresse aux chrĂ©tiens par de nombreuses rĂ©fĂ©rences, reste ambigu la rĂ©paration finale nâefface pas lâimpression pathĂ©tique laissĂ©e par quatre couplets. Il faut par ailleurs noter que Georges Brassens a Ă©crit sa propre chanson consacrĂ©e Ă lâexistence du mal sur terre, mais ne lâa pas enregistrĂ©e lui-mĂȘme. Dieu sâil existe, dont le refrain Ă©nonce gaiement Dieu sâil existe, il exagĂšre », nâaborde le problĂšme quâavec une dĂ©sinvolture qui frise lâironie, les couplets nâĂ©voquant que les malheurs dâune bergĂšre. 21Deux ans plus tard, en sâabritant cette fois derriĂšre Victor Hugo, Georges Brassens dĂ©sormais vedette incontestĂ©e, sâautorise davantage dâimpertinence. La LĂ©gende de la Nonne se prĂ©sente comme une histoire Ă©difiante une novice est foudroyĂ©e par Dieu dans la chapelle oĂč elle a pris un rendez-vous galant. Cependant, le dernier couplet prend ses distances avec les vellĂ©itĂ©s moralisantes dâune histoire peu crĂ©dible. Le refrain qui semble peu en rapport avec le reste de la chanson Enfants voici les bĆufs qui passent / Cachez vos rouges tabliers » prend alors tout son sens il sâagit dâassocier la crainte dâune vengeance divine Ă une superstition enfantine. Le ton du MĂ©crĂ©ant, parue en 1960, est nettement plus moqueur Jâaimerais avoir la foi, la foi dâmon charbonnier/ Qui est heureux comme un pape et con comme un panier. » En raison dâune diĂ©gĂšse plus comique que vraisemblable et dâallusions grivoises qui lui donnent son attrait, la chanson semble peu idĂ©ologique, si ce nâest dans sa conclusion Si lâĂternel existe, en fin de compte il voit Quâje mâconduis guĂšre plus mal que si jâavais la foi. 22On retrouve ici lâĂ©thique des chansons de Brassens, mĂ©lange de rectitude morale, dâoptimisme et dâindulgence. Il sâagit moins dâune critique de la foi que dâun attachement rĂ©solu au doute, prĂ©sentĂ© ici comme salutaire. Ce nâest pas la religion qui est critiquĂ©e mais les croyants sectaires et un discours affirmant la supĂ©rioritĂ© morale des uns ou des autres. 23Lâauteur ne se prive dâailleurs pas, dans Le Grand Pan, de convoquer le Christ pour critiquer le matĂ©rialisme scientiste qui conduirait Ă un dĂ©senchantement du monde. Le seul problĂšme de cette position originale est quâelle ne permet pas forcĂ©ment de produire des Ćuvres efficaces. Une chanson de trois minutes est moins adaptĂ©e Ă lâexpression du doute et de la nuance quâĂ un discours partisan et outrancier, susceptible de combler un public dĂ©jĂ convaincu. Par ailleurs, aborder le sujet religieux avec une bonne humeur communicative nĂ©cessite une dose de foi ou dâirrespect. 24Georges Brassens va dâabord contourner le problĂšme le thĂšme se fait plus rare et les mĂ©taphores utilisant un vocabulaire ecclĂ©siastique sont plus anodines. Ă la fin des annĂ©es 60, toutefois, lâaffrontement est de retour. Au moment oĂč la libĂ©ration sexuelle lui permet de produire ses plus belles chansons grivoises, la confrontation avec la morale de lâĂglise est directe. Misogynie Ă part, et plus encore LâAncĂȘtre, font apparaĂźtre lâopposition entre piĂ©tĂ© et Ă©picurisme. 25La Religieuse, enregistrĂ©e Ă la mĂȘme Ă©poque, est une nouvelle tentative pour cultiver lâambiguĂŻtĂ©. Si la morale est sauve Ă la fin de la chanson, la provocation due au mĂ©lange des registres est rendue peu efficace par la musique, dĂ©pourvue de toute trace dâhumour On ne verra jamais la corne au front du Christ Le veinard sur sa croix peut sâendormir en paix Et les enfants de chĆurs se masturber tout tristes. 26Les chansons de Georges Brassens se font alors plus polĂ©miques. Mourir pour des idĂ©es, qui tĂ©moigne dâun nouveau refus de la chanson engagĂ©e, multiplie les mĂ©taphores bibliques et hagiographiques les plus explicites, renvoyĂ©es dos Ă dos avec les mythes rĂ©volutionnaires comme le grand soir » Les Saint-Jean bouche dâOr qui prĂȘchent le martyre Le plus souvent dâailleurs sâattardent ici-bas ⊠Depuis tant de grands soirs que tant de tĂȘtes tombent Au paradis sur terre on y serait dĂ©jĂ Mais lâĂąge dâor sans cesse est remis aux Calendes. 27Le dernier album de Georges Brassens, paru en 1976, est finalement le plus explicite, rĂ©ussissant le paradoxe dâexprimer le doute avec force. Il contient en effet Ă la fois deux chansons anticlĂ©ricales et une charge contre lâanticlĂ©ricalisme. MĂ©lanie sâinscrit dans la lignĂ©e des chansons paillardes, et lâauteur, comme pour tempĂ©rer le propos, nous prĂ©vient dĂšs lâabord quâelle sâinscrit dans une tradition moins militante que culturelle Les chansons de salle de garde ont toujours Ă©tĂ© de mon goĂ»t ⊠Pour ajouter au patrimoine folklorique des carabins Jâen ai fait une, putain de moine, plaise Ă Dieu quâelle plaise aux copains. 28MĂȘme dans un tel contexte, les tribulations comiques du personnage ont tout pour rĂ©jouir le mĂ©crĂ©ant. TempĂȘte dans un bĂ©nitier, chantĂ©e sur le mĂȘme album, est plus offensive encore. Lâabandon de la messe en latin fait lâobjet dâune controverse qui nâintĂ©resse que les catholiques. La prise de position de Georges Brassens dans ce dĂ©bat anachronique ne peut donc apparaĂźtre que comme ironique, dâautant que le texte utilise les rimes de façon injurieuse O trĂšs sainte Marie MĂšre de Dieu dites Ă ces putains De moines quâils nous emmerdent Sans le latin. 29Lâeffet de cette chanson est contrebalancĂ© sur le mĂȘme album par La Messe au pendu, un hommage lyrique et solennel rendu Ă lâaction Ă©difiante dâun prĂȘtre. Le tempo lent et lâinterprĂ©tation retenue ĂŽtent toute agressivitĂ© Ă la chanson, qui Ă©voque une messe cĂ©lĂ©brĂ©e en lâhonneur dâun condamnĂ©, au nom du refus de la peine de mort. Le dernier couplet montre quâaucune conviction nâest Ă©branlĂ©e mais le simple fait fait dâexclure un individu de la masse des adversaires contraint lâinterprĂšte et son auditoire, si ce nâest au doute, du moins Ă la nuance AnticlĂ©ricaux fanatiques Gros mangeurs dâecclĂ©siastiques, Quand vous vous goinfrerez un plat De cureton, je vous exhorte, Camarades, Ă faire en sorte Que ce ne soit pas celui-lĂ . 30LâĆuvre de Georges Brassens pourrait sâarrĂȘter ici, se concluant sur un anticlĂ©ricalisme pacifiste et tolĂ©rant, mais elle est plus riche et plus complexe encore. Un texte posthume â quâil nâa jamais enregistrĂ© car il attendait pour produire un album dâavoir entiĂšrement Ă©crit le suivant â propose un nouveau rapport de lâauteur au texte biblique. Dans lâAntĂ©christ, Georges Brassens mĂȘle Ă son commentaire dĂ©sinvolte une réécriture parodique, Ă©voquant le chemin de croix de Ce hĂ©ros qui jadis partit pour aller faire / Lâalpiniste avant lâheure en haut du Golgotha ». Le propos devient pourtant sĂ©rieux lors du dernier couplet, ramenant lâauditeur du texte sacrĂ© vers sa condition humaine En se sacrifiant, il sauvait tous les hommes. Du moins le croyait-il ! Au point oĂč nous en sommes, On peut considĂ©rer quâil sâest fichu dedans. Le jeu, si jâose dire, en valait la chandelle. Bon nombre de chrĂ©tiens et mĂȘme dâinfidĂšles, Pour un but aussi noble, en feraient tout autant. Cela dit je ne suis pas lâAntĂ©christ de service. 31Ce texte fera lui aussi des Ă©mules. La conclusion que nous propose lâauteur â la diffĂ©rence de foi nâexclut pas une communautĂ© de valeurs morales â, trouve son prolongement dans trois catĂ©gories de chansons anticlĂ©ricales, qui sont autant de rapports aux textes sacrĂ©s. 32Les premiĂšres, conformĂ©ment Ă une tradition ancienne que Georges Brassens a inflĂ©chie, Ă©vitent les textes religieux pour se contenter dâun discours sur les institutions clĂ©ricales. En fonction du message vĂ©hiculĂ©, elles sont considĂ©rĂ©es comme inoffensives â ce qui leur permet de passer Ă la radio ou Ă la tĂ©lĂ©vision â ou comme agressives â ce qui entraĂźne de la part des diffuseurs une autocensure prudente. 2 La VĂ©ritable histoire du christianisme 4â58ââ, Le Cirque des Mirages, album En public, ... 33Dâautres Ćuvres se servent du texte, enfin dĂ©sacralisĂ©, Ă des fins burlesques. Elles font un large usage des citations bibliques, soit de maniĂšre exacte Je vous salue Marie » dans La PriĂšre de James dĂ©jĂ citĂ©e, soit en les dĂ©formant de façon parodique homme de peu de foie »2. Le scandale quâelles risquent de provoquer tend Ă limiter leur diffusion au sein des grands mĂ©dias. 34Dâautres enfin, se rĂ©fĂšrent au texte en rappelant son contenu moral Ă des fins rhĂ©toriques. En faisant appel Ă une communautĂ© de valeurs pour proposer une critique des institutions clĂ©ricales, elles sâavĂšrent parfois capables de toucher les croyants. Câest au sein de cette derniĂšre catĂ©gorie que se trouvent les Ćuvres les plus marquĂ©es par lâintertextualitĂ©. Leur complexitĂ© limite leur diffusion mais aussi parfois, câest le risque, leur comprĂ©hension. LâanticlĂ©ricalisme aprĂšs Georges Brassens, une hĂ©rĂ©sie consensuelle et cultivĂ©e LâanticlĂ©ricalisme traditionnel, sans rapport au texte, et ses variantes Ă©purĂ©es 35La critique des institutions religieuses, de la mort de Brassens Ă nos jours, se concentre, nous lâavons dit, autour dâun nombre rĂ©duit dâarguments. La dĂ©nonciation de la guerre est le plus utilisĂ©. La forme de la chanson se prĂȘte au raccourci historique ou Ă la narration dâun fait divers. Cela ne signifie pas que le texte soit forcĂ©ment consensuel, mais le passage du temps fait que des vedettes confirmĂ©es peuvent aborder des sujets rĂ©servĂ©s quelques annĂ©es plus tĂŽt Ă des artistes provocateurs. Ainsi VĂ©ronique Sanson a-t-elle pris de rĂ©els risques et fait lâobjet de menaces de mort lorsquâelle a dĂ©noncĂ© les attentats suicides islamistes dans Allah en 1988, peu aprĂšs la publication des Versets sataniques de Salman Rushdie. Dix ans plus tard, Pierre Perret peut se permettre une dĂ©nonciation plus accusatrice encore des fous de Dieu » dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Dans le mĂȘme couplet dâAu nom de Dieu, il reprend dâailleurs le second reproche le plus frĂ©quent de la chanson anticlĂ©ricale contemporaine, qui concerne le discours sur la contraception. Il nâĂ©tait utilisĂ©, dans les annĂ©es 80, que par les chanteurs polĂ©miques et Underground tels que Pigalle. Ce type de reproche a, au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies, remplacĂ© les attaques traditionnelles contre le clergĂ©, en raison de la rarĂ©faction des prĂȘtres en France et de la mĂ©diatisation toujours croissante des hauts dignitaires religieux, en particulier du pape â attaquĂ© au dĂ©tour dâun vers dans de nombreuses chansons politiques. 36La relative raretĂ© de ces nouvelles chansons anticlĂ©ricales ne doit pas masquer le fait quâelles peuvent produire un certain consensus, tant quâelles nâattaquent que les fondamentalistes. De mĂȘme quâAllah a pu servir Ă lancer lâalbum de VĂ©ronique Samson, la promotion de La Vie ThĂ©odore dâAlain Souchon, paru en 2006, a Ă©tĂ© assurĂ©e par le titre Et si en plus, il nây a personne. Lâargument est comparable Si ces vies qui chavirent / Ces yeux mouillĂ©s / Ce nâĂ©tait que le vieux plaisir / De Zigouiller ». Certes, la chanson semble innover en renvoyant toutes les religions dos Ă dos Abderrahmane, Martin, David / Et si le ciel Ă©tait vide », mais lĂ encore, nous allons le voir, le risque Ă Ă©tĂ© pris douze ans auparavant par un artiste plus audacieux. La parodie des formes et des textes sacrĂ©s, forme intellectuelle de lâanticlĂ©ricalisme 37Sâil y a plus de profits potentiels que de risques Ă critiquer le clergĂ©, la chose se complique lorsquâil sâagit de faire rĂ©fĂ©rences aux textes sacrĂ©s. La connaissance de lâĆuvre originale quâimplique toute parodie contraint lâartiste Ă ne sâappuyer que sur les passages les plus connus. Seuls les auteurs les plus exigeants sây essaient, Ă destination dâun public amateur de chansons Ă texte. Certains atteignent la cĂ©lĂ©britĂ©, Ă lâimage de la chanteuse Juliette, mais leurs textes anticlĂ©ricaux ne sont pas les plus connus. Oraison, par exemple, est condamnĂ©e Ă demeurer confidentielle en raison mĂȘme de sa forme une chanson de prĂšs de sept minutes accompagnĂ©e dâune musique de stabat mater ne passe guĂšre en radio. 38MĂȘme lorsque lâĆuvre est moins difficile, elle suppose une connaissance partagĂ©e de la culture religieuse. Les auteurs anticlĂ©ricaux ayant souvent subi leur Ă©ducation catholique, leurs textes peuvent ĂȘtre particuliĂšrement blasphĂ©matoires. Nous insisterons davantage ici sur une Ćuvre enregistrĂ©e en 2003 qui, bien que plus consensuelle, nous paraĂźt exemplaire de ce type de rĂ©pertoire, Ma Bible de Bernard Joyet. Il sâagit bien dâune chanson anticlĂ©ricale mais dont les jeux intertextuels parviennent Ă fĂ©dĂ©rer le public. Tout est en effet conçu pour prĂ©senter la lecture de la Bible comme une expĂ©rience aisĂ©ment partageable, bien quâelle soit mise Ă distance par lâhumour Lâobjet, de prime abord, pourrait paraĂźtre austĂšre Aucune illustration pour mettre en appĂ©tit Le titre sur le cuir est en gros caractĂšres HĂ©las, Ă lâintĂ©rieur, câest Ă©crit tout petit. 39DĂ©sacraliser le livre, câest Ă la fois le mettre Ă la portĂ©e de tous et le considĂ©rer comme ridicule. Ce qui rapproche lâouvrage de lâauditeur, câest son impact sur la sociĂ©tĂ© laĂŻque, qui contribue Ă le rendre concret DĂšs quâun drame survient, quâun incident Ă©clate On peut les repĂ©rer sur le calendrier Ă chaque Ă©vĂ©nement correspond une date Dans la plupart des cas, câest un jour fĂ©riĂ©. 40Pourtant câest cette laĂŻcisation qui permet Ă la distance et Ă lâanalyse dâinaugurer un nouveau type de comique. Il sâagit de considĂ©rer le Livre avec un dĂ©tachement rĂ©servĂ© aux Ă©crits profanes. Le texte est ramenĂ© au statut de simple rĂ©cit, et les personnages deviennent des outils narratifs ordinaires Ă peine commencĂ©e, lâhistoire tourne mal AprĂšs lâintervention qui perturbe un mĂ©nage DâĂ©lĂ©ments extĂ©rieurs, un fruit, un animal. 41Les calembours semblent presque innocents, et lâhumour peut se dĂ©placer du texte vers les Ćuvres quâil a produites Ămules de Manet, Delacroix, VĂ©ronĂšse, / Effacez ce nombril que je ne saurai voir ! ». Dans un tel contexte, aprĂšs plusieurs minutes de bonnes humeur inoffensive, les plaisanteries attendues et vĂ©ritablement blasphĂ©matoires sur la virginitĂ© de Marie ou sur les miracles du Christ perdent en grande partie leur aspect choquant. 42La conclusion insiste sur le caractĂšre fĂ©dĂ©rateur du livre, certes dĂ©sacralisĂ© Mon AmĂ©rique Ă moi, ma Bible en quelque sorte / Mon guide, mon sauveur, mon livre de chevet », mais devenu par lĂ un point de contact entre croyants sincĂšres et incroyants qui seraient conscients de sa valeur morale Et si je vous convaincs et vous sensibilise Alors pensez Ă moi quand vous le dĂ©vorez Je convie les bigots, les grenouilles dâĂ©glise Ă lire un exemplaire et Ă sâen inspirer. 43LâintertextualitĂ© nâest par forcĂ©ment synonyme dâun rapport pacifiĂ© au texte, mais en le ridiculisant, elle contribue Ă le rendre accessible et Ă lui reconnaĂźtre un intĂ©rĂȘt culturel, voire civilisateur. De retour Ă Dieu en passant par le blasphĂšme subtilitĂ©s et risques de lâintertextualitĂ© 44LâanticlĂ©ricalisme, toutefois, nâest pas toujours dâhumeur joyeuse et tolĂ©rante, et sait se nourrir de colĂšre. Mais lâintertextualitĂ© est un des biais qui permet de tempĂ©rer le blasphĂšme. Une telle dĂ©marche a Ă©tĂ© proposĂ©e par Allain Leprest â lâune des plus fameuses plumes de la chanson française â dans Je ne te salue pas, enregistrĂ© en 1993. Avec une violence qui peut atteindre les trois monothĂ©ismes on peut trouver des injures telles que coupeur de bites en deux », lâauteur sâen prend Ă un monde imparfait et Ă son CrĂ©ateur indiffĂ©rent. Pourtant, dans ce contexte, lâintertextualitĂ© joue un rĂŽle apaisant. Dâabord parce que le refrain, en forme de priĂšre inversĂ©e Je ne te salue pas / Toi qui te crois mon dieu », suppose une forme de foi. Ensuite parce que les rĂ©fĂ©rences culturelles introduisent de lâhumour dans le rĂ©quisitoire Ăve aurait eu le droit de faire des tartes au pommes ». Enfin parce que lâallusion au christianisme permet de remettre le blasphĂ©mateur dans la position du suppliciĂ© et du suppliant Un pĂšre jâen ai dâja un / Qui arrachait les clous / Quand on clouait mes poings ». Dans une longue sĂ©rie dâinvectives, les Ă©lĂ©ments intertextuels sont donc ceux qui permettent au monologue de tendre vers le rĂ©tablissement final dâun dialogue Ce peut-il ĂȘtre sans clocher Une insulte pour tâapprocher. 45La prĂ©sence du texte biblique permet ici de tempĂ©rer lâanticlĂ©ricalisme, mais nous ne pouvions pas terminer notre analyse sans Ă©voquer un cas limite, dans lequel elle tend Ă lâannuler. 46Cette chanson est Ă©crite, composĂ©e et interprĂ©tĂ© par Leny Escudero, chanteur engagĂ© des annĂ©es 70, dâorigine espagnole. Ayant connu quelques succĂšs grĂące Ă des Ćuvres lyriques lĂ©gĂšres, il a enregistrĂ© des chansons rĂ©volutionnaires et anticlĂ©ricales. Son public est donc a priori composĂ© dâincroyants. Aussi, lorsquâil interprĂšte JĂ©sus dans un texte Ă©crit Ă la premiĂšre personne, ne sâattend-t-on pas Ă une Ćuvre pieuse. Le titre, La Grande Farce, semble dâailleurs ne laisser aucun doute sur les intentions de son auteur, mais la chanson est interprĂ©tĂ©e dâune façon troublante. Le texte fait alterner les moments de doute et de foi, dâune intensitĂ© toujours plus grande, la Passion, dans tous les sens du terme, sâexprimant au son dâun tango mĂ©lodramatique. LâacmĂ© de la chanson se situe Ă la fin. Les Ă©motions les plus violentes se succĂšdent alors, exigeant un interprĂšte exceptionnel Je tâai suivi en tout, jusquâau dernier supplice Mais je crie maintenant, mais je crie maintenant Sois maudit, sois maudit jusquâĂ la fin des temps ! Oh non, je te le jure, je nâai pas dit cela Oh non, je tâaime, je tâaime et je nâaime que toi Mais jâai si peur, mais jâai si peur et jâai si froid ! Ainsi parlait JĂ©sus sur son chemin de croix. 47Le public de Leny Escudero ne peut entendre, dans ce monologue dâun homme Ă qui son Dieu ne rĂ©pond pas, une adhĂ©sion au christianisme. Toutefois, lâinterprĂ©tation Ă©lĂ©giaque du texte ne permet pas de lui donner un sens conforme Ă son titre. La compassion du public pour le personnage de JĂ©sus est dâautant plus rĂ©elle que les prestations scĂ©niques de lâinterprĂšte sont gĂ©nĂ©ralement bouleversantes. LâĆuvre est saluĂ©e pour ce quâelle est une performance. La vie de JĂ©sus Ă©chappe au discours thĂ©ologique mais suscite, le temps dâune chanson, lâĂ©motion visĂ©e par le texte originel une adhĂ©sion totale au personnage, qui fait disparaĂźtre toute intention parodique. Conclusion 48La laĂŻcisation de la sociĂ©tĂ©, en rendant la chanson anticlĂ©ricale vindicative moins nĂ©cessaire, aurait pu la faire disparaĂźtre. Mais la possibilitĂ© de citer la Bible comme sâil sâagissait dâun texte profane, dans des Ćuvres qui ne sont plus uniquement des priĂšres, a permis au genre dâĂ©voluer. En cela, la chanson doit beaucoup Ă dâautres formes dâart, en particulier au cinĂ©ma. 49Lâintertexte religieux, en sâimmisçant dans les chansons anticlĂ©ricales, leur a offert de nouveaux artifices rhĂ©toriques. Elles peuvent, comme le fait Bernard Joyet, utiliser les citations bibliques directement contre les bigots. Elles peuvent Ă©galement se livrer Ă des citations parodiques, lâhumour attĂ©nuant par fois lâoffense. Elles peuvent enfin, dans une sociĂ©tĂ© laĂŻque, dialoguer avec des croyants dont les pratiques voire les convictions fluctuent mais dont lâattachement aux textes sacrĂ©s demeure. 50La chanson anticlĂ©ricale, comme les autres, reste un art du clichĂ©. Aux injures agressives du dĂ©but du siĂšcle ont succĂ©dĂ© de nouveaux topoĂŻ, qui mĂȘlent doute amusĂ©, sarcasme et appels Ă la tolĂ©rance. LâintertextualitĂ©, permettant des interprĂ©tations multiples Ă partir dâun corpus commun qui serait lâoccasion dâun dialogue, aurait donc des vertus pacifiantes. Sans doute faudrait-il sâen rĂ©jouir, si cela ne masquait pas que des luttes sociales et idĂ©ologiques se poursuivent. Face Ă des institutions religieuses qui ne renoncent pas aux luttes rĂ©actionnaires, le combat fĂ©ministe est encore virulent. LâindiffĂ©rence des mĂ©dias, peu sensibles au sort des femmes, sâajoute au politicaly correct et aux habitudes procĂ©duriĂšres des associations intĂ©gristes, qui voudraient que les religions soient respectĂ©es au prix dâun rĂ©tablissement du dĂ©lit de blasphĂšme. Lâauditeur a donc peu de chance dâentendre un jour AgnĂšs Bihl chanter Ă la radio le refrain de LâEnceinte Vierge Et dis, Monsieur, quâest-ce qui sâpasserait Si la Sainte Vierge elle avortait.
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BECAUD Gilbert Le chanteur et compositeur français Gilbert BECAUD naĂźt le 24 octobre 1927 Ă Toulon sous le vrai nom de François Silly. Il passe son enfance et son adolescence dans le sud de la France et Ă la CĂŽte dâAzur. PassionnĂ© ⊠Continuer la lecture â PubliĂ© dans bios MarquĂ© avec 18 dĂ©cembre, 1953, 1955, 1959, 1961, 1964, 1966, 1967, 1970, 1972, 1973, 1975, 1977, 1978, 1980, 1982, 1986, 1988, 1997, 2001, 2011, 2014, 21 dĂ©cembre, 45-tours, accompagnateur, adolescence, Age tendre et tĂȘte de bois, Alain Souchon, album hommage, Alex Beaupain, Allemagne, Anggun, Annie Cordy, Ayo, Belgique, BĂ©nabar, biographie, Boulevard des Capucines, Boulogne-Billancourt, Broadway, C'est en septembre, cancer, Chanson française, Chanson francophone, chanteur, Charles Aznavour, cimetiĂšre du PĂšre Lachaise, classement, Claude François, comĂ©die musicale, compositeur, Concert, conservatoire, CĂŽte d'Azur, David Pujadas, DĂ©cĂšs, DĂ©sirĂ©e, disques, duo, Eddy Mitchell, Edith Piaf, Ă©glise de la Madeleine, Elvis Presley, Emile Ajar, Ă©mission radio, Ă©mission tĂ©lĂ©, enfance, Et maintenant, Faut faire avec, Film, France, France 2, François Silly, FunĂ©railles, Gilbert BĂ©caud, HervĂ© Vilard, Il est Ă moi l'Olympia, INA, inauguration, inhumation, Institut National de l'Audiovisuel, interprĂšte, Ireen Sheer, Jacques Emmanuel, Jacques Pills, Je reviens te chercher, Je t'ai dans la peau, Jean Sablon, Johnny Hallyday, journal tĂ©lĂ©visĂ©, Julien Clerc, L'amour est mort, L'important c'est la rose, L'Indien, L'indiffĂ©rence, L'OpĂ©ra d'Aran, L'orange, La vie devant soi, Laissez-aller, Le bain de minuit, Le petit oiseau de toutes les couleurs, Le pommier Ă pommes, Les cerisiers sont blancs, Les croix, livre, Louis Amade, Love on the rocks, Lynda Lemay, Madame Roza, maladie, Marie Bizet, Maritie et Gilbert Carpentier, Martine St-Clair, Melody TV, Mes mains, Mick Lanaro, Moi je veux chanter, Monsieur volts, music-hall, musiques de films, Naissance, Nathalie, Neil Diamond, Nice, Nous les copains, obsĂšques, Olivia Ruiz, Olympia, opĂ©ra, Paris, parolier, Pascal Danel, Patrick Bruel, pĂ©niche, pianiste, piano, piano classique, piano transparent, Pierre DelanoĂ«, Quand il est mort le poĂšte, Quand tu danses, QuĂ©bec, rĂ©cital, Renan Luce, Rencontre, Romain Gary, Roza, Salut les copains, Salvatore Adamo, September morn, Serge Lama, The Jazz Singer, Théùtre des Champs-ElysĂ©es, Toulon, Un peu d'amour et d'amitiĂ©, Une vie comme un roman, ventes de disques, Viens danser, What now my love, yĂ©-yĂ©s, Yves MontandAchetezle design « Câest juste lâindiffĂ©rence » par pineapplkween sur le produit suivant : Impression photo Vendez vos Ćuvres Connectez-vous Inscrivez-vous Artistes populaires Des lycĂ©ens regardent les rĂ©sultats du bac 2012 dans un lycĂ©e lillois, le 06 juillet 2012 Certaines chansons inspirent mais il vaut mieux les Ă©viter le jour de lâĂ©preuve⊠"Paroles⊠paroles⊠parolesâŠ" de Dalida pour un sujet sur le langage ? Mauvaise idĂ©e⊠PlutĂŽt "Words⊠words⊠wordsâŠ" de Shakespeare, le cas Ă©chant repris par LĂ©o FerrĂ©. "Jâai la gaule Ă 18" dâOrelsan ? Hmmm⊠mauvaise idĂ©e. PlutĂŽt, pour un sujet sur le sens de lâhistoire, "La Guerre des Gaules" de Jules CĂ©sar. Bref, votre intuition fera la diffĂ©rence. Et dans le doute, sâabstenir. Vous trouverez bien une rĂ©fĂ©rence correcte, dans votre grenier mental. Je veux dire, votre culture gĂ©nĂ©rale. 1. Beethoven et Schiller "Ode Ă la joie" ThĂšme LâĂtat, la sociĂ©tĂ©, la justice, lâhistoire Si, si, vous connaissez ! La musique de Beethoven et le texte de Schiller ont Ă©tĂ© repris pour constituer lâhymne de la CommunautĂ© europĂ©enne â et probablement dans une ou deux publicitĂ©s. Une rĂ©fĂ©rence, en tout Ă©tat de cause, pour des sujets sur la culture et les questions de philosophie politique et morale. Le chant commence ainsi "Ă mes amis, pas de ces accents !" Quel type dâaccent ? Ceux de la discorde ? Il sâagit dâun morceau trĂšs emphatique sur la fraternitĂ© entre les hommes, la solidaritĂ©, la tolĂ©rance. Un rappel plutĂŽt sain aprĂšs les Ă©lections europĂ©ennes en France⊠Bon, mais le jour de lâĂ©preuve, pas de jugement qui paraĂźtrait trop hĂątifs⊠Parlez plutĂŽt de cette rĂ©fĂ©rence pour des sujets sur la paix, en citant par exemple la phrase "Tous les hommes deviennent frĂšres". La concorde humaine â thĂšme cher aux philosophes des LumiĂšres â un idĂ©al ? Une utopie ? Un projet rĂ©aliste ? Lâhistoire est-elle un progrĂšs ? Les Ătats peuvent-ils sâentendre ? 2. Red Hot Chili Peppers "Californication" ThĂšmes Le langage, le sujet, le dĂ©sir, autrui, la sociĂ©tĂ© Dâabord, expliquez que "californication", sur un plan linguistique, est un mĂ©taplasme on prend un mot, "Californie", un autre, "fornication", et on les rassemble. De la soudure lexicale. Puis montrez que ce procĂ©dĂ© formel de fusion sert en fait Ă renforcer une idĂ©e philosophique lâambiguĂŻtĂ© de lâĂȘtre Ă double face, la duplicitĂ© possible, non seulement du langage, mais aussi de nos comportements en sociĂ©tĂ© et des sentiments vis-Ă -vis de nous-mĂȘme. Faut-il ĂȘtre sĂ©rieux ou chercher Ă se divertir ? Et quelle image dois-je donner Ă lâautre ? Raisonnable au fond de moi-mĂȘme mais hilare et joyeux en apparence ? Et si tout le monde agit ainsi, nâest-ce pas le dĂ©but de la dĂ©cadence de la sociĂ©tĂ© ? Nous y sommes en plein dans la thĂ©matique de "Californication", lâexpression la plus rock du concept de divertissement selon Pascal revoyez vos fiches, ceci est une chronique, pas un cours. "Pay your surgeon very well !" paie bien ton chirurgien esthĂ©tique. Ton corps est beau, mais nâes-tu pas laid au fond de toi-mĂȘme ? 3. Oxmo Puccino "L'enfant seul" ThĂšmes Le sujet, autrui, l'art "MaĂźtrise lancinante, sentiments en ciment sinon dans six ans on me retrouve cieux dans le crĂąne Dans le sang gisant" Une citation opportune pour le sujet proposĂ© en sĂ©rie ES Ă PondichĂ©ry cette annĂ©e "La solitude est-elle sans valeur ?" Ici, la solitude ne vaut rien elle est subie. Câest celle du malheur. La solitude de lâenfant seul est un symptĂŽme, celui de lâindiffĂ©rence des autres⊠Entre perdition intĂ©rieure et prĂ©sence seulement mĂ©canique dâun entourage. Un peu le petit Kierkegaard qui passait ses journĂ©es Ă attendre que son pĂšre bonnetier ait fini son travail quotidien afin de jouer avec une bobine de fil. La misĂšre humaine que lâon impose Ă ceux qui dĂ©butent dans lâexistence. Entre maltraitance psychologique et isolement dans lâagitation humaine, lâart apparaĂźt comme une modalitĂ© de l'empathie la musique nous aide Ă nous mettre Ă la place de lâenfant. Elle berce comme pour mieux aider Ă se rĂ©fugier dans le sommeil. Ă moins quâelle nâaide Ă se contrĂŽler afin dâĂ©viter le pire. "Tâes comme une bougie quâon aurait oubliĂ© d'Ă©teindre" Lâessentiel est de rester allumĂ©. 4. John Cage "4â33ââ" ThĂšmes Lâart, le langage, le rĂ©el, lâinterprĂ©tation JusquâoĂč lâartiste peut-il aller ? Lâart a-t-il des limites ? Des limites ?! Demandez donc Ă vos Ă©motions, Ă votre jouissance esthĂ©tique, si elle veut des limites. Imaginez ce quâelle vous rĂ©pondrait⊠"Encore⊠encore !" Pourquoi 4â33ââ ? Dâabord pour rĂ©vĂ©ler la vulgaritĂ© et rĂ©sister au prĂ©jugĂ© qui nous viendrait immĂ©diatement Ă lâesprit "Mais câest quoi, ce truc ?", "Mon chien en fait autant quand il dort !", "Et dire quâon les paie pour ça !" Ensuite, la vulgaritĂ© une fois dĂ©passĂ©e, lâĆuvre fait le vide. Ne plus penser nâest-ce pas parfois ce que nous voulons ? DĂ©gager le champ. Quitter le rĂ©el pour le possible. Nous rendre libre, possesseur de nous-mĂȘme. Rien. Le silence sert Ă faire naĂźtre un nouveau commencement. John Cage ne remplit pas notre Ăąme par le sens et les interprĂ©tations. Au contraire, il nous la vide afin de laisser la place Ă notre sens Ă nous. Lâart est le don du vide. Du silence. La saine page blanche. Lâartiste nous donne notre langage Ă nous. Mais, me direz vous, loin de nous vider lâesprit, cette "chanson" ne fait que provoquer des questions supplĂ©mentaires. Et bien, en ce cas, câest que lâĆuvre est mal ressentie. Un contresens. Chut⊠Tais-toi⊠Garde le silence, le silence dâĂpictĂšte. Le silence ne dit-il rien ? ZdMSM.